Y&T - Vauréal, Forum, 18/10/24



11 ans que je n'avais pas vu Y&T en ce même lieu et, je le reconnais, ça m'avait manqué de ne pas retrouver ce groupe ô combien attachant et talentueux qui, malheureusement, avait dû annuler en 2021 sa venue par chez nous suite à des problèmes de santé de Dave Meniketti. En 2013, ils s'étaient évertués à reprendre presque en totalité Mean Streak (manquait le superbe Lonely Side Of Town.… Dommage...) mais là, le contexte s'avérait être différent puisque nous célébrions le 50ème anniversaire d'un groupe et ce, pour une date unique en France.

Point de première partie car le groupe, coutumier du fait, comptait produire une prestation dépassant les 2 heures ce qui en même temps pouvait s'avérer être long pour le Dave, compte-tenu de ses "récents" soucis de santé. Le Dave avait pour le coup décidé de façon unilatérale de faire plaisir au public vauréalien venu les voir.

Après un bref "From The Moon", "Hurricane", un des morceaux-phare d'Earthshaker, démarre les hostilités dans un orage de décibels. Vous imaginez bien que, d'entrée le jeu, le public du Forum est chaud bouillant. Et ce n'est pas "Rock And Roll's Gonna Save The World" qui, dans la foulée, va calmer son ardeur, bien au contraire.

D'entrée de jeu, ce qui est rassurant concernant le Meniketti, c'est sa voix toujours aussi belle, gorgée d'émotion à souhait qui vous fait dresser dans l'instant le système capillaire de vos avant-bras. Radical, j'vous dis.

Ainsi, pour ce 50ème anniversaire, nos amis ont pris la décision (risquée ?) de faire redécouvrir des vieux titres tel ce "25 Hours A Day" issu de leur album de 1976 intitulé Yesterday & Today, et "Struck Down" extrait de l'album du même nom, deux albums qui se sont toujours avérés difficiles à dénicher. Il en sort deux superbes interprétations. Pour l'anecdote, je me souviens de mon cousin qui les avait trouvés dans les années 80 chez un petit disquaire des Puces de Clignancourt ("Rock Fort", qu'il s'appelait) et qui, fièrement me les avait montrés en me toisant : "Tu vois, ça, tu les as pas..." lol

Puis, c'est au tour de "Don't Stop Runnin' " et son riff incisif de nous être proposé avec une verve et une énergie limite décuplées par l'intensité de l'interprétation. Ceci n'a que pour effet de ravir le public qui répond via une ovation chaleureuse et fort justifiée, tant ce titre extrait de In Rock We Trust, un album au demeurant excellent qui suscita de fait à sa sortie des réactions particulièrement dithyrambiques, est dotée d'une trame particulièrement mélodique et accrocheuse. C'est alors que ça "headbangue" gentiment dans les premiers rangs. Bah oui, on a l'âge de nos cervicales. lol

On continue avec le très bon dernier album en date à savoir Facemelter (2010) qui n'a pas lieu d'être en reste car Meniketti accompagné du massif Mike Vanderhule derrière les fûts, du redoutable John Nymann à la 2ème guitare et du bassiste Aaron Leigh à l'allure très "Johnny Deppienne", s'empare tout de go du très bon "How Long" qui met tout le monde d'accord.

Sans temps mort, voici venir dans la foulée, sans doute l'un des morceaux qu'attendait impatiemment l'assistance, le classique parmi les classiques. J'ai nommé "Mean Streak". La réaction se veut être évidemment enthousiaste à l'écoute du célèbre riff suivi dans l'instant d'une avalanche de décibels parfaitement contenus quand on compare avec ceux entendus quelques semaines plus tôt à Fismes. Le Forum dans la fosse comme au balcon se fait entendre comme un seul homme et ça, ça plaît au Dave qui est content, malgré les quelques signes de fatigue qu'il laisse passer. 70 ans tout de même !

Retour ensuite sur un album intitulé Musically Incorrect passé totalement inaperçu en 1995, alors que bon nombre d'entre nous à l'époque pensaient à juste titre que le groupe était mort de sa belle mort. Je vais vous l'avouer bien humblement : je n'ai jamais eu l'opportunité d'y poser une oreille. Ai-je eu tort ? Sans doute. Titre dispensable s'il en est, "Long Way Down" est le genre de titre qui est vite écouté, vite oublié à tel point qu'il cède rapidement sa place au superbe "Midnight In Tokyo" qui, au fil des années, est resté bien ancré dans les set-listes du groupe. Et là, la version qui en sera tirée en ce vendredi 18 octobre, sera de toute beauté, je vous l'assure.

Je ne m'attarderai pas outre mesure sur le morceau-titre de l'album Contagious, album qui amorcera petit à petit le déclin du groupe, que j'ai écouté une ou deux fois et qui m'a laissé littéralement de marbre. Les bras m'en tombent (...) lorsque je repense à ce fâcheux épisode. Eh oui, Dave Meniketti et ses comparses de l'époque délaisseront le hard rock racé d'un Black Tiger ou d'un Mean Streak pour se tourner vers une soupe FM sans saveur, voire indigeste, avec pour seule préoccupation de toucher un public plus large. Fallait bien manger.....

Ce qui suit s'avère être à mon humble avis, l'une des plus belles ballades de hard rock à savoir "Winds Of Change" qui, à chaque fois, sollicite la corde sensible de tout un chacun, du moins la mienne, et puis il y a ce solo dantesque à son terme. Autant l'écrire, il s'agit d'une version tout aussi belle que celle qui figure sur le sublissime double live Live At The Mystic, un live publié en 2012 et dédié au regretté bassiste Phil Kennemore, un live que je ne saurais que trop vous conseiller.

Le très confidentiel Endangered Species est également à l'honneur avec ce "Gimme The Beat", ma foi fort sympathique suivi du seul titre du combo qui m'a toujours lassé à savoir "Summertime Girls" avec tous ses clichés limite ridicules des 80's. Après un "Afraid Of The Dark" sans grand intérêt, on revient successivement sur du très lourd avec "Black Tiger", "Dirty Girl", ce dernier étant comme à chaque fois délivré dans une version étirée sur laquelle John Nymann réalise de véritables prouesses guitaristiques, "I'm Coming Home" et son refrain fédérateur, et bien évidemment l'immanquable "Rescue Me", doté dans sa première partie d'une émotion qui ferait chavirer les plus sensibles d'entre nous pour ensuite dériver vers une cavalcade de notes incendiaires. À ce moment précis, le public est au bord de l'apoplexie tant celui-ci se sent transporté par la virtuosité de nos quatre compères, oubliant presque qu'il assiste à un concert de hard rock.

Bien fatigués, Meniketti et ses amis sortent de scène pour revenir dans les cinq minutes sous de généreux applaudissements et s'acquitter d'un monumental "I Believe In You" qui est là pour rappeler à notre bon souvenir que Dave Meniketti était en ce temps-là (Earthshaker) en mesure de composer des morceaux qui traverseraient le temps et ce, en mêlant émotion et efficacité. Ce qu'il a toujours su faire avec un à-propos déconcertant pour ses pairs. C'est ça le talent. Et puis, il y a ce solo final qui vous (moi, en fait loool) emporte littéralement vers des contrées à peine atteignables en temps normal. On frôle même le céleste..... lol

Le terme de ce show approche puisque viennent résonner les accords de "Forever" dans l'enceinte vauréalienne, provoquant encore une véritable déferlante hystérique dans les premiers rangs qui n'auront de cesse de scander sans relâche les "Forever Forever" de rigueur.

Un bien bel anniversaire donc, ce 50ème du nom célébré en grandes pompes qui, espérons-le sera suivi de bien d'autres venues par chez nous de nos Californiens préférés. Merci Messieurs pour cette belle fête !

Phil Lizzy

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